Il est désormais admis que les « orteils COVID » sont associés à la pathogenèse du SARS-CoV-2. Les descriptions sont concordantes dans le monde entier, mais le suivi est peu décrit. Nous présentons 4 cas « d’orteils COVID » avec un suivi de plusieurs mois.

Entre février 2020 et avril 2021, 4 cas de plus de 3 mois ont été suivis rétrospectivement dans notre clinique dermatologique.

Le premier patient était une femme de 19 ans sans antécédent médical. Deux mois après l’apparition des symptômes de la COVID-19, des lésions acrales de type engelures apparaissaient sur les orteils. Elle se plaignait de démangeaisons. Il n’y avait pas d’aggravation avec le froid. La sérologie SARS-CoV-2 était positive, et la recherche d’anticorps antinucléaires, de cryoglobuline, de cryofibrinogène, d’agglutinines froides était négative. Les engelures étaient encore visibles à 4 mois. Le deuxième patient était une femme de 18 ans en bonne santé. Deux semaines après l’apparition des signes de la COVID-19, des engelures asymptomatiques apparaissaient sur les orteils et les doigts. L’infection par le SARS-Cov-2 était confirmée par PCR nasopharyngée. En outre, on observait une éruption urticarienne transitoire et indolore du tronc, des genoux et des mains, exacerbée par la chaleur et disparaissant avec le froid. La biologie montrait des anticorps antinucléaires positifs avec une fluorescence nucléolaire, et un facteur rhumatoïde. Les engelures étaient encore visibles à 3 mois. Le troisième patient était une femme de 60 ans en bonne santé. Peu après les signes de la COVID-19 avec des symptômes typiques légers, apparaissaient des engelures indolores des orteils. Elle notait une exacerbation par la chaleur, mais pas d’aggravation par le froid. Un épisode de nécrose digitale fut observé et les engelures disparaissaient après cinq mois. Le 4^e cas était une femme de 20 ans qui souffrait de symptômes compatibles avec la COVID-19. Cependant, aucune PCR nasopharyngée n’était réalisée et la sérologie était négative. Deux mois plus tard, des engelures et une érythromélalgie apparaissaient sur les orteils. Aucune autre cause n’était trouvée. Les symptômes persistaient après 10 mois, avec à certains endroits une évolution nécrotique superficielle.

Notre petite série de cas montre une durée d’évolution des engelures de 3 à 10 mois. La symptomatologie varie de l’absence de douleur à l’incapacité fonctionnelle, avec parfois une évolution nécrotique. Nos données montrent une longue durée de ces symptômes. À ce jour, les « orteils COVID » n’ont pas été intégrés dans le concept de « long COVID » représentant les complications persistantes de la COVID-19 ; et aucun syndrome acral aigu pédiatrique n’a eu cette durée d’évolution. Nous suggérons de définir les orteils chroniques de la COVID-19 comme une entité distincte des formes aiguës survenant au cours de l’infection.